17 avril 2023
Statue de Saint-Michel, de Louis Jobin, propriété du Musée de la civilisation. Sculpture monumentale représentant Saint-Michel archange terrassant le démon. L'archange ailé pointe une flèche en direction d'un démon couché à ses pieds. Bois sculpté, cuivre et plomb repoussés. 1908. https://collections.mcq.org/objets/103592
Lorsque l’on parle d’une paroisse historique, issue de la première étape d’évangélisation en Nouvelle-France., dans le cadre du catholicisme au Québec, les communautés paroissiales – à chaque génération, et au fil du temps, souvent sous l’impulsion des ecclésiastiques qui souhaitaient rendre le lieu de culte toujours plus digne et empreint de piété, ont procédé à orner l’intérieur des églises paroissiales d’objets liturgiques, religieux et artistiques de valeur.
Ces objets plus souvent qu’autrement avaient pour finalité d’exposer un extrait ou l’autre de textes bibliques, ou d’exposer la grandeur du Dieu adoré, sa bonté et son statut surnaturel. Dans ce contexte, l’église paroissiale était tout à la fois, un lieu quasi unique de rassemblement et de prière, de communication et d’échanges, de solidarité et somme toute, de cohésion sociale et de développement, tant spirituel, social qu’économique.
Ici, la paroisse à la paroisse Notre-Dame-de-Foy, cette tradition a été respectée et ainsi l’église paroissiale comptait de nombreuses pièces de grande valeur sur le plan liturgique, artistique et religieux. Une telle collection inestimable a été commandée ou a fait l’objet de donation au fil des années par la Fabrique.
De plus, des tableaux de valeur ont été acquis pour décorer l’église paroissiale comme par exemple, la toile intitulée Vision de Saint-Jérôme (Ouevre de Joseph Légaré, copie de Pierre d’Ulin), la toile Christ en croix (Joseph Légaré, copie de Hannibal Carrache) et certains autres.
Quant à lui, monsieur le curé Pierre Huot, a fait l’objet d’un portrait du célèbre portraitiste Théophile Hamel.
De même, des tableaux d’Eugène Hamel, ont été commandés par monsieur le curé Jérôme Sasseville pour embellir l’église de Sainte-Foy.
A cet effet, dans un article paru en 1997 dans la Revue Cap-aux-diamants, le Conservateur du Musée du Québec, Mario Béland, s’exprime ainsi concernant certains des tableaux exposés dans l’église Notre-Dame-de-Foy.
À la fin de mai de 1885, on annonce le retour fort remarqué de Hamel à Québec. Le Journal de Québec publie à la mi-juillet que «pendant son séjour à Rome, M. Hamel a peint plusieurs tableaux pour le Canada. L'église Sainte-Foy, près de Québec, possède 10 grands tableaux faits par lui. Les deux derniers sont N. S. au jardin des Oliviers, et un tableau du S. Cœur. Nous engageons les amateurs des beaux-arts, à visiter Eugène Hamel (Québec, 1845-1932) (…) à leur passage à Sainte-Foy. Il est classique, il a du style, et il ne saurait s'écarter des lois inviolables de la tradition».
De fait, pour sa paroisse natale, Hamel a signé deux tableaux à Rome en 1884, en l'occurrence Le Christ au Jardin des Oliviers et Le Sacré-Cœur apparaissant à Sainte-Marguerite-Marie Alacoque, dont l'un correspond de toute évidence à la commande du curé de Sainte-Foy de l'année précédente. (…) ces deux œuvres ont été détruites dans l'incendie de l'église en 1977 (…)
(Extrait de Eugène Hamel, encore en Europe, tiré de la Revue du Cap-aux-diamants, Mario Béland – Conservateur de l’art ancien au Musée du Québec, No : 49, 1997, page 51 ).
En effet, avec l’incendie de 1977 de l’église Notre-Dame-de-Foy, presque l’ensemble des tableaux historiques et patrimoniaux ont disparus.
Enfin, plusieurs sculptures ont été également acquises par la paroisse Notre-Dame-de-Foy, notamment de François Noel Levasseur (1703-1794) et de Louis Jobin (1845-1928) ; ce dernier ayant réalisé plusieurs statues à la demande de monsieur le curé Henri-Arthur Scott.
À cet effet, dans son ouvrage de 1986, Louis Jobin, maître sculpteur, Mario Béland analyse l’œuvre de Louis Jobin et déclare que – l’ancienne église de Notre-Dame-de-Foy, à Sainte-Foy, était le lieu, avant l’incendie de 1977, d’une intéressante concentration d’œuvres de Jobin.
En effet, le temple abritait une sainte-Vierge (1878), une Sainte-Anne (1886), et un Sacré-Cœur (non daté), cela sans compter le calvaire érigé dans le cimetière en 1878. Sur la façade du temple paroissial, une Notre-Dame-de-Foy ornait la niche centrale alors qu’un saint-Michel et un Sacré-Cœur de Montmatre couronnaient les piédestaux situés aux angles de l’élévation. Si toutes les statues intérieures périrent dans le désastre de 1977, celles de la façade furent heureusement sauvées et entreposées, le lendemain du sinistre dans les réserves du Musée du Québec.
Le Sacré-Cœur et le Saint-Michel de Sainte-Foy sont tout à fait représentatifs de la production de Jobin à Sainte-Anne : une statuaire religieuse de grand format et recouverte de métal, destinée donc à ¸être exposée en plein air. L’entête des lettres de Jobin au curé Scott vante d’ailleurs la spécialité qui était devenue celle du sculpteur dans son dernier atelier : le revêtement métallique conçu à l’épreuve de toute intempérie. (…).
Actuellement, les majestueuses sculptures du Sacré-Cœur et de Saint-Michel, sont conservées au Musée de la civilisation et ce, suite à une donation effectuée par la Fabrique Notre-Dame-de-Foy. Or, comme ces deux (2) statues étaient placées sur la façade extérieure de l’église Notre-Dame-de-Foy au moment de son incendie en 1977, elles ont pu ainsi être épargnées des flammes, quoiqu’elles aient été par ailleurs altérées par les flammes, le cas échéant.
Nous sommes chanceux de pouvoir ainsi compter sur le Musée de la civilisation pour conserver pour les générations à venir ces deux (2) statues de grande valeur historique et patrimoniale.
En ce qui a trait à la statue de Notre-Dame-de-Foy, commandée par monsieur le curé Scott en 1908 au célèbre sculpteur Louis Jobin, elle est actuellement conservée dans l’église Saint-Benoît-Abbé : elle aussi a été épargnée par l’incendie de l’église Notre-Dame-de-Foy de 1977.
En terminant, mentionnons que plusieurs œuvres artistiques ont été cédées au Musée du Québec, depuis devenu le Musée National des Beaux-Arts du Québec, dont notamment les suivantes. Ces œuvres ont été cédées au dit Musée en 1976, par l’Assemblée de fabrique de la paroisse Notre-Dame-de-Foy, moins d’un an avant l’incendie de l’église paroissiale en juin 1977.
Louis Jobin, maître sculpteur, Mario Béland, Musée du Québec, Éditions Fides, 1986, pages 142-143.